cd review in 'citizen jazz'

2018-09-29T13:38:00+02:00

Vingt ans d’existence pour le collectif Octurn articulé autour de la personnalité du saxophoniste baryton Bo van der Werf. Donnant suite à Tantric CollegeOcturn & The Tibetan Monks of Gyuto en 2016, qui était enregistré dans le monastère de Gyuto avec des moines bouddhistes, Songbook of Changes continue de fouiller les territoires de prédilection de cette formation belge qui a su créer une identité propre. A partir de configurations musicales privilégiant l’improvisation à l’intérieur de compositions souples mais précises, les musiciens déroulent des atmosphères nébuleuses où l’instabilité est un parti pris fort.S’appuyant sur des combinaisons de jeu issues des philosophies orientales et qui donnent la sensation que des phrases jaillissent à tous les instants de chaque instrument, la nouveauté de ce disque, qui s’inspire notamment du livre des transformations (Yi Jing), tient dans le souffle nouveau de la section rythmique - comparé aux anciens répertoires. Le groove puissant et hypermoderne de Jean-Luc Lehr (basse électrique) et Chander Sardjoe (batterie) a cédé sa place à un jeu plus nuancé et discontinu entretenu par les baguettes de Dré Pallemaerts (déjà présent sur le précédent disque) et la contrebasse de Clemens van der Feen.Sans verser dans le mainstream pour autant, on découvre alors une souplesse gracile, moins obsédante, qui évoque les placements d’un jazz plus traditionnel où les individualités sont valorisées. Tout cela est à prendre avec beaucoup de nuances : les ambiances irréelles restent de mise et les motifs décalés aux structurations algébriques permettent une vaste déclinaison des possibles. Les climats suspendus comme les parties plus nerveuses sont bien signées Octurn et les figures de danse que ne cessent d’entrecroiser les corps musicaux de Magic MalikJozef Dumoulin ou Fabian Fiorini , raviront celles et ceux qui sont impatients d’entendre comment une pensée complexe peut prendre une forme à la fois spirituelle et incarnée.par Nicolas Dourlhès // Publié le 23 septembre 2018


cd review in 'jazz magazine' february 18

2018-05-12T14:58:00+02:00


Après avoir connu de multiples incarnations en vingt ans d’existence, le collectif s’est resserré autour d’un quartette à deux claviers : un complice de longue date en la personne de Magic malik, et un nouveau venu dans leur univers, le
contrebassiste néerlandais Clemens Van der feen. Librement inspiré ( bien malin qui l’aurait deviné! ) par l’un des textes fondateurs de la civilisation
chinoise, le Livre des transformations, ce ‘songbook of changes’ développe une
musique aux contours mouvants et aux ressorts mystérieux, où textures acoustiques et électroniques tiennent une part égale. Jouant d’une tension subtile entre immobilité et motricité, aléatoire et préméditation, le sextette nous entraîne sur un chemin parfois déroutant mais toujours stimulant, manière de parcoursinitiatique dont il ne faut attendre d’autre illumination que la contemplation de son objet même. ( Pascal Rozat in Jazz Magazine,  février 2018 )


CD review in 'jazzques'

2018-03-01T10:35:00+01:00

Plonger dans un album d’Octurn est toujours une aventure fascinante. Avec Songbook Of Changes, le dernier album sorti chez W.E.R.F. Records, on ne déroge pas à la règle.Octurn nous a habitué à nous déshabituer. Avec eux, l’aventure est souvent déstabilisante, chaque fois différente et toujours frissonnante.Le collectif au line-up variable, emmené par Bo Van der Werf, en a fait du chemin depuis 1996, passant du M’Base à une musique très contemporaine via la musique aléatoire ou aux folklores imaginaires, poussant chaque fois un peu plus loin les expérimentations.Il y a quelque chose de l'ordre du sacré, du divin, de l’ésotérisme dans cette musique, comme dans celles d’Olivier Messiaen (dont l’influence a été majeure pour le groupe), de György Ligeti ou des musiques indiennes ou tibétaines…Octurn explore des harmonies toujours mouvantes, faites de couches et de structures libres et indépendantes. C’est un peu comme dans un jeu de domino : une idée en amène une autre qui en entraine une autre. Et tout peut arriver. Tout est une question d’équilibre, d’écoute, de lâcher prise.Dans Songbook Of Changes, chaque morceau est une sorte d’exercice, un travail sur les matières et les atmosphères. Parfois abstraite jusque dans les titres («Song 10», «Song 8», «Song 1» ou encore «m46664a»), souvent méditative et magnétique, la musique nous entraine dans un tourbillon de sensations étranges.Tout commence en douceur et en mystère («Song 10») sur des effets crachotants de Jozef Dumoulin. Puis, Fabian Fiorini, plaque des accords sur un motif répétitif, toujours flottant («Song 8»), avant que l’ensemble ne s’enflamme. Le drumming papillonnant de Dré Pallemaerts et la contrebasse discrète et parcimonieuse de Clemens van der Feen laissent le champ libre aux improvisations de Magic Malik à la flûte (et au chant fantomatique sur «Song 2») et à Bo Van der Werf au sax baryton insaisissable.Octurn enlève et allège sans cesse, travaille l’espace, le dépouillement, les silences et le vide plein d’âme. L’exact opposé de ce «vide abyssal» qu’avait un jour écrit un célèbre critique n’ayant sans doute pas tout à fait compris le sens de la démarche. On ne lui en voudra pas et le groupe avait d’ailleurs bien ri de cette description idiote.Ecouter Octurn, c’est prendre son temps et c’est oublier le temps. L'univers de chaque thème varie imperceptiblement, mettant en avant tantôt le piano, tantôt la flûte ou le sax. On passe de rythmes haletants («Song 14») à d’autres, totalement en apesanteur («Song 1»). Quant à «Red», «Black» et «Blue Tara», ils se dispersent sur l’album et distillent des sentiments apaisés, rageurs ou vibrants.Comme souvent avec Octurn, ce Songbook Of Changes demande à se laisser découvrir et se laisser vous imprégner pour pouvoir en apprécier les moindres petits bienfaits.Laisser vous faire.

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